dolman rouge brodé d’or, où pendaient la croix de Vladimir et la médaille de 1812, entrèrent dans la salle. Le comte était d’une taille moyenne, mais très bien fait. Ses yeux bleu clair, extrêmement brillants, ses cheveux blond foncé, assez longs, en boucles épaisses, donnaient à sa beauté un caractère remarquable. L’arrivée du comte était attendue au bal. Le joli jeune homme qu’il avait vu à l’hôtel l’avait déjà annoncé au chef de la noblesse. L’impression produite par cette nouvelle était différente mais en général pas absolument agréable. « Il se moquera de nous, ce gamin-là, » pensaient les vieilles femmes et les hommes. « Qu’arrivera-t-il s’il m’enlève ? » se disaient plus ou moins les jeunes femmes et les jeunes filles.
Dès que se termina la polonaise et que les couples se saluèrent réciproquement, les dames vis-à-vis des dames, les messieurs vis à-vis des messieurs, Zavalchevskï, heureux et fier, conduisit le comte vers la maîtresse de la maison. La femme du chef de la noblesse en éprouva un certain frisson intérieur : si ce hussard allait faire avec elle, devant tous, quelque scandale ! Elle se détourna fièrement et prononça avec mépris : « Très heureuse. J’espère que vous danserez. » Et elle le regardait avec méfiance et d’un air de dire : « Si tu fais cela, si tu offenses une femme, tu n’es qu’un lâche. » Cependant, par son amabilité attentive, son visage joli, gai, il vainquit bientôt cette méfiance, de sorte