— Nous ne sommes pas des danseurs, — répondit l’ispravnik en riant, — nous sommes plus connaisseurs de vins, comte… et d’ailleurs tout cela a grandi sous nos yeux, toutes ces demoiselles, comte ! Moi aussi, je passais plusieurs fois dans l’écossaise, comte… Je puis le faire encore, comte…
— Maintenant, promenons-nous un peu, — dit Tourbine, — distrayons-nous avant d’aller chez les tziganes.
— Eh bien ! Allons, messieurs ! Amusons le maître.
Et trois des gentilshommes qui depuis le commencement du bal buvaient dans le cabinet, le visage rouge, prirent, l’un des gants noirs, les autres des gants de soie brodés et se dirigeaient déjà vers la salle avec le comte, quand le jeune homme scrofuleux, tout pâle, retenant à peine ses larmes, les arrêta et s’approcha de Tourbine.
— Vous pensez qu’il vous suffit d’être comte pour avoir le droit de bousculer comme à la foire — dit-il, respirant à peine. — Ce n’est pas poli…
De nouveau, malgré lui, le tremblement de ses lèvres arrêta ses paroles.
— Quoi ! — cria Tourbine en fronçant les sourcils. — Quoi !… gamin ! — s’écria-t-il en le prenant par les bras et le secouant si fort que le sang afflua à la tête du jeune homme, non de dépit, mais de peur. — Quoi ! vous voulez vous battre ? Alors je suis à vos ordres.