rues, au beau milieu du jour, accompagnés de femmes tziganes et de tziganes ivres. Quand elles eurent franchi les remparts, les troïkas s’arrêtèrent et tous firent leurs adieux au comte.
Iline qui, pour l’adieu, avait bu pas mal et qui tout le temps avait conduit lui-même les chevaux, tout à coup devint triste et se mit à prier le comte de rester encore une journée. Mais quand il vit que c’était impossible, spontanément, sans qu’on put s’y attendre, en pleurant il se mit à embrasser son nouvel ami et promit de demander dès son retour, sa permutation dans le régiment où servait Tourbine. Le comte était particulièrement gai. Il poussa sur un tas de neige le cavalier qui depuis le matin le tutoyait, lança Blücher sur l’ipravnik, prit Stiochka dans ses bras et voulait l’emmener avec lui à Moscou, enfin, en bondissant dans le traîneau, il faisait asseoir près de lui Blücher qui voulait toujours se tenir au milieu. Sachka demandait encore une fois au cavalier de reprendre chez eux le manteau du comte et de le renvoyer et sauta aussitôt sur le siège. Le comte cria : « Va ! » et soulevant son chapeau il l’agita et stimula les chevaux en sifflant comme un postillon. Les troïkas se séparèrent.
Loin devant s’étendait, une plaine monotone couverte de neige où serpentait la ligne jaune et sale de la route. Le soleil clair brillait en se jouant sur