Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/362

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— Une multitude de fautes, mais charmant. On dirait qu’elle t’aime vraiment.

— Mais sans doute ! Il n’y a que ces femmes-là qui sachent aimer vraiment, une fois qu’elles aiment.

— Et l’autre lettre de qui ? — demanda le cornette en rendant celle qu’il venait de lire.

— Comme ça… Là-bas, il y a un monsieur, une canaille, à qui je dois pour les cartes, et voilà déjà trois fois qu’il me le rappelle, et je ne puis m’acquitter maintenant… une lettre idiote ! — répondit le comte visiblement irrité à ce souvenir.

Pendant un temps assez long, les deux officiers se turent.

Le cornette, influencé évidemment par le comte, buvait son thé en silence, regardait de temps en temps le beau visage attristé de Tourbine qui regardait fixement dans la fenêtre, et il n’osait entamer la conversation.

— Bah ! ce peut être admirable, — prononça soudain le comte en se tournant vers Polozov et secouant gaîment la tête ; — si cette année il y a des promotions dans notre ligne, et si nous tombons encore dans une affaire. Je pourrais alors devancer le capitaine de la garde.

Durant le second verre de thé, la conversation continuait sur le même sujet, quand rentra le vieux Danilo qui transmit l’ordre d’Anna Fédorovna.

— Et madame a aussi ordonné de vous deman-