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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/373

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retenait sa toux avec peine, était très parleur, aimable. Au commencement il intercalait ses récits dans les papotages incessants d’Anna Fédorovna ; à la fin il accaparait à lui seul la conversation. Une seule chose frappait étrangement les auditeurs : dans ses récits il usait de mots qui n’étaient pas regardés comme inconvenants dans son monde, mais qui, ici, semblaient un peu hardis. Anna Fédorovna en était un peu offusquée. Lisa rougissait jusqu’aux oreilles. Mais le comte ne le remarquait pas, il était aussi à l’aise, simple, aimable. Lisa emplissait les verres de thé sans les remettre directement aux hôtes, mais les plaçait très près d’eux, et, sans être encore tout à fait remise de son émotion, écoutait avidement les récits du comte. Ces récits assez ordinaires, les arrêts dans la conversation, peu à peu la rassurèrent. Elle n’entendait pas de lui les choses très intelligentes qu’elle s’imaginait ; elle ne voyait pas cette élégance en tout qu’elle s’attendait vaguement à trouver en lui ; même, au troisième verre de thé, quand ses yeux timides rencontrèrent la première fois les siens et que, sans les baisser il continua trop tranquillement à la regarder, avec un sourire imperceptible, elle sentit un peu d’hostilité envers lui, et bientôt trouvait que non seulement il n’avait rien d’extraordinaire, mais qu’il ne se distinguait en rien de tous ceux qu’elle avait vus, qu’il ne fallait donc pas avoir peur ; il n’avait que des