Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/383

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n’ennuie jamais quand on aime à se promener, surtout quand la lune monte très haut. De la chambre de l’oncle on voit tout l’étang. Voilà, aujourd’hui, je le regarderai.

— On dirait qu’il n’y a pas de rossignols chez vous ? — dit le comte très mécontent de la présence de Polozov qui l’empêchait de connaître plus positivement les conditions du rendez-vous.

— Non, il y en avait, seulement l’année dernière les chasseurs en ont attrapé un, et cette année, la semaine dernière, un autre a commencé à chanter très bien, mais l’agent de police est venu avec sa clochette et l’a effrayé. Il y a deux ans, il nous arrivait avec l’oncle de passer dans l’allée couverte et d’écouter pendant deux heures.

— Que vous raconte cette bavarde, — dit l’oncle en s’approchant des interlocuteurs. — Ne voulez-vous pas vous restaurer ?

Après le souper pendant lequel le comte, par sa louange des mets et son appétit, réussit à dissiper la mauvaise humeur de la maîtresse du logis, les officiers saluèrent et se retirèrent dans leur chambre. Le comte serra la main de l’oncle, à l’étonnement d’Anna Fédorovna il serra aussi la sienne sans la baiser, il pressa même la main de Lisa en la regardant droit dans les yeux et souriant un peu de son sourire agréable. Ce regard gêna de nouveau la jeune fille. « Il est très beau, pensa-t-elle, mais il s’occupe trop de lui. »