Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol5.djvu/292

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Il hocha la tête et sourit timidement, mais pour la première fois, mon sourire ne répondit pas au sien.

— Qu’as-tu, aujourd’hui ? demandai-je, pourquoi ne me l’as-tu pas dit ?

— Rien, un petit désagrément, répondit-il. Cependant je puis, maintenant, te le raconter. Deux moujiks sont partis en ville…

Mais je ne le laissai pas achever.

— Pourquoi ne me l’as-tu pas raconté pendant le thé, quand je te l’ai demandé ?

— Je t’aurais dit des bêtises ; j’étais alors irrité.

— C’est précisément alors qu’il fallait me le dire.

— Pourquoi ?

— Pourquoi penses-tu que je ne puis jamais t’aider en rien ?

— Comment, je pense ? fit-il en jetant sa plume. Je pense que sans toi je ne puis pas vivre. En tout, non seulement tu m’aides, mais tu fais tout. En voilà des histoires ! dit-il se mettant à rire, je ne vis que par toi. Tout me semble bon, seulement parce que tu es ici, qu’il te faut…

— Oui, je sais, je suis une charmante enfant qu’il faut calmer, dis-je d’un tel ton, qu’étonné il me regarda comme s’il me voyait pour la première fois, je ne veux pas de calme, il y en a bien assez, en toi, trop, ajoutai-je.

— Eh bien ! Voici en quoi consiste l’affaire, com-