Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/101

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IX

Quand tout redevint calme, Polikeï, comme un coupable, descendit doucement du poêle et s’habilla. Il ne savait pourquoi il avait peur de passer la nuit avec les recrues. Déjà les coqs se répondaient plus souvent. Tambour avait mangé toute l’avoine et cherchait à boire. Ilitch l’attela et l’amena devant le chariot des paysans. Le bonnet et son contenu étaient intacts et les roues de la petite charrette résonnaient de nouveau sur la route gelée de Pokrovskoié. Polikeï se sentit plus à l’aise quand il eut franchi la ville. Avant il lui semblait toujours qu’on essayait de le poursuivre, qu’on l’arrêtait et qu’au lieu d’Ilia les mains ligotées derrière le dos, c’était lui qu’on emmenait au bureau de recrutement. Tantôt de froid, tantôt de peur, un frisson parcourait son dos, et il stimulait Tambour. La première personne qu’il rencontra était un prêtre dans un haut bonnet d’hiver, avec un ouvrier