Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/121

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verture, les cheveux défaits, les yeux effrayés, qui racontait qu’elle avait entendu tomber les sacs, était beaucoup plus terrible et effrayante qu’Ilitch, bien que sa croix enlevée eût été mise sur la poutre.

En haut, c’est-à-dire chez la maîtresse, régnait la même terreur qu’au pavillon. La chambre de Madame était remplie de l’odeur d’eau de Cologne et d’onguents. Douniacha faisait fondre de la cire et préparait un cérat. Pourquoi fallait-il du cérat, je l’ignore, mais je sais qu’on en préparait toujours quand Madame était malade.

Et maintenant, elle était troublée au point d’être malade.

La tante de Douniacha était venue passer la nuit avec elle pour lui donner courage. Toutes les quatre étaient assises dans la chambre des bonnes avec la fillette et causaient à voix basse.

— Qui ira chercher l’huile ? demanda Douniacha.

— Je n’irai pour rien, pour rien, Avdotia Mikolawna, — répondit résolument la deuxième bonne.

— Que dis-tu, va avec Axutka.

— J’irai seule, je n’ai peur de rien, — dit Axutka ; mais elle commençait à avoir peur.

— Eh bien ! va, la plus sage ; demande à la vieille Anna un verre d’huile, mais en l’apportant fais attention de ne pas en verser, dit Douniacha.

Axutka releva sa jupe d’une main, et ne pou-