Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/138

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La vieille se leva et prépara la soupe pour son mari. Doutlov chassa la femme d’Iluchka de la table. « Assez, assez ! » dit-il. Axinia se leva et se coucha sur le banc sans cesser de hurler. La vieille, en silence, disposa la table et se mit ensuite à ranger. Le vieux non plus ne disait pas un mot. Après avoir fait sa prière, il rota, se lava les mains, et, décrochant le boulier, il alla vers le cabinet noir. Là, d’abord il chuchota quelque chose à sa femme, ensuite la vieille sortit et lui, il se mit à faire claquer le boulier, enfin, soulevant une trappe, il descendit dans la cave. Il y remua longtemps. Quand il remonta, l’izba était toute sombre, le copeau ne brillait plus. La vieille, pendant la journée, ordinairement calme et silencieuse, était sur les planches et un ronflement emplissait l’izba. La femme remuante d’Iluchka dormait aussi, et respirait sans bruit. Elle dormait tout habillée sur le banc, et sans rien sous la tête.

Doutlov fit une prière, puis regarda la femme d’Iluchka, hocha la tête, éteignit le copeau, rota encore une fois, grimpa sur le poêle et s’allongea à côté de son petit-fils. Dans l’obscurité, il jeta ses lapti et, allongé sur le dos il regarda les planches au-dessus du poêle, qu’il apercevait à peine, il écouta le bruit des cafards qui se remuaient dans les murs, les soupirs, les ronflements et les bruits du bétail dans la cour. De