Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/173

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IV

Il était vieux, elles étaient jeunes : il était maigre, elles étaient grasses ; il était triste, elles étaient gaies. Alors c’était un être tout à fait étranger, tout différent, et l’on ne pouvait pas avoir pitié de lui. Les chevaux n’ont pitié que d’eux-mêmes, et il n’y en a guère dans la peau desquels ils puissent entrer.

Il n’était pourtant pas coupable, le hongre pie, d’être vieux, maigre et laid !…

Il semble bien qu’il n’en était pas coupable mais selon le raisonnement des chevaux, il l’était, et ceux qui étaient forts, jeunes, heureux, ceux pour qui tout était l’avenir, ceux de qui l’attente inutile faisait trembler chaque muscle et se soulever la queue comme une barre, ceux-là avaient raison. Le hongre pie le comprenait peut-être lui-même et, à tête reposée, pensait comme eux qu’il était coupable d’avoir terminé déjà sa vie, qu’il lui