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VI

LA DEUXIÈME NUIT

Dès que les chevaux furent enfermés, de nouveau ils s’arrêtèrent autour du cheval pie.

— Au mois d’août, on me sépara de ma mère, — continua le cheval pie — mais je n’en eus point de chagrin particulier, j’avais remarqué que ma mère portait déjà mon frère cadet, le célèbre Oussane, et je n’étais plus pour elle ce que j’étais autrefois. Je n’étais pas jaloux, je me sentais devenir plus froid envers elle. En outre, je savais qu’en quittant ma mère, je rentrerais dans la section commune des poulains où nous étions par deux ou trois, et chaque jour, toute la bande sortait dehors. J’étais dans le même box que Milï. Milï était un cheval de selle, plus tard l’empereur lui-même le monta, et on l’a représenté dans des tableaux et des statues. C’était alors un simple poulain aux poils