Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Axucha bondit sur le seuil, et toutes deux, se tenant par la main, coururent derrière la porte cochère. Elles passèrent devant la voiture en ralentissant le pas et regardèrent par la vitre baissée. La malade avait le visage tourné de leur côté, mais en remarquant les curieuses, elle fronça les sourcils et se détourna.

— Mes petites mères ! dit la fille du maître de relais en tournant rapidement la tête. Quelle beauté c’était et qu’est-elle devenue maintenant ?… C’est affreux. As-tu vu ? As-tu vu, Axucha ?

— Oui, qu’elle est maigre ! — affirma celle-ci.

— Allons encore regarder une fois, comme si nous allions vers le puits. Tu vois, elle se détourne, mais j’ai quand même pu la voir. Comme c’est triste, Macha !

— Quelle boue ! — fit Macha ; et toutes deux franchirent en courant la porte cochère.

«Je suis sans doute devenue effrayante, — se dit la malade. — Vite, oh ! le plus vite à l’étranger ! Là-bas je me remettrai bientôt. »

— Eh bien ! Comment vas-tu, mon amie ? — demanda le mari en s’approchant de la voiture, tout en mâchant quelque chose.

« Toujours la même question, pensa la malade, et il mange ! »

— Bien, — dit-elle les dents serrées.

— Sais-tu, mon amie, je crains que la route ne te fatigue davantage, et Édouard Ivanovitch est du