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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/226

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paysan ramassa les côtes et le crâne, les emporta et les utilisa.

Le cadavre de Serpoukhovskoï qui vécut dans le monde, qui mangea et but, fut mis en terre, beaucoup plus tard. Ni sa peau, ni ses os, ni sa chair n’étaient bons à rien.

Et puisque, pendant vingt ans, ce corps était un grand fardeau pour tout le monde, alors l’enfouissement de ce corps dans la terre était une besogne superflue pour les hommes. Il n’était nécessaire à personne et depuis longtemps était une charge pour tous.

Mais quand même, les morts vivants qui ensevelissent les vrais morts avaient trouvé nécessaire de vêtir d’un bel uniforme et de mettre des bottes à ce corps gonflé, pourri, de le placer dans un beau cercueil avec des glands neufs aux quatre coins, puis de l’enfermer dans un autre cercueil de plomb, de l’emmener à Moscou ; là, de découvrir d’anciens os humains, et précisément là, de cacher sous la terre ce corps pourri, plein de vers, en uniforme neuf et bottes cirées.