Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/238

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— Sonia, relève, mon amie.

— Relève, mon amie, — répéta le mari, — et moi, j’irai chez le maître du logis, autrement, nous ne nous arrangerons pas. Il faut causer de tout avec lui.

— Mieux vaut l’envoyer chercher, Pierre. Pourquoi te déranger ?

Pierre y consentit.

— Sonia, appelle-le. Comment ? Cavalier, je crois. Dis que nous voulons lui parler.

— Chevalier, papa ; — et Sonia se prépara à sortir.

Natalie Nikolaievna qui donnait des ordres à voix basse et marchait à pas doux de chambre en chambre, tantôt avec une boîte, tantôt avec une pipe ou un oreiller, et qui, sans faire de bruit, mettait tout à sa place, réussit à chuchoter à Sonia en passant près d’elle :

— N’y va pas toi-même, envoie le garçon !

Pendant que le garçon allait chercher le maître, Pierre employait son loisir, sous prétexte d’aider son épouse, à frotter un habit, et il se heurta contre une caisse vide. Le décembriste se retint avec la main contre le mur et se retourna en souriant. Sa femme était si occupée qu’elle ne le remarqua pas. Mais Sonia le regardait avec des yeux si rieurs qu’elle semblait attendre la permission de rire.

Il la lui donna volontiers en éclatant lui-même