ture. — Est-ce qu’il dort ? Eh ! l’oncle Fédor ? répéta-t-il en s’approchant du poêle.
— Quoi ? prononça une voix faible. Et un visage roux et maigre se souleva du poêle. La main large, décharnée, décolorée, remonta l’armiak[1] sur l’épaule pointue couverte d’une chemise sale — À boire, frère ! Que veux-tu ?
Le garçon tendit un petit gobelet avec de l’eau.
— Mais quoi, Fédia ! dit-il en hésitant, je pense que maintenant tu n’as plus besoin de bottes neuves ; donne-les moi. Je crois que tu ne marcheras plus guère.
Le malade, penchant sa tête fatiguée vers le gobelet et mouillant dans l’eau trouble ses moustaches rares, pendantes, buvait à petits coups, mais avec avidité. Sa barbe était embroussaillée, malpropre, ses yeux enfoncés, vitreux se levaient avec difficulté vers le visage du garçon. Quand il eut fini de boire, il voulut lever la main pour essuyer ses lèvres mouillées, mais il n’y parvint pas et s’essuya sur la manche de l’armiak. Sans rien dire, en respirant lourdement du nez, il regardait droit dans les yeux du garçon, et rassemblait ses forces.
— Tu les as peut-être déjà promises à quelqu’un. Alors, tant pis, — prononça le garçon. — Le principal, pour moi, c’est que la route est mouillée et
- ↑ Camelot de poils de chameaux.