Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/266

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III

— Moscou ! Moscou ! ville aux murs blancs ! — s’exclamait Piotr Ivanovitch en se frottant les yeux, le matin, et en écoutant les sons des cloches qui se répandaient dans la petite rue Gazetnï. Rien ne ressuscite si fortement le passé que les sons, et ceux des cloches de Moscou, unis à la vue des murailles blanches et au bruit des roues lui rappelaient vivement, non seulement ce Moscou qu’il connaissait trente-cinq ans avant, mais ce Moscou avec le Kremlin, les palais, les Ivan, etc., qu’il portait dans son cœur. Et il ressentait une joie enfantine d’être Russe, d’être à Moscou.

En robe de chambre de Boukhara, déboutonnée sur la large poitrine couverte d’une chemise d’indienne, la pipe d’ambre, le valet aux pas étouffés, le thé, l’odeur du tabac, la voix forte, entrecoupée d’un homme dans la chambre de Chevalier, les baisers du matin, les voix de la fille et du fils parurent