Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/289

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le marguillier. Il se confessa l’après-midi et entendit les vêpres chez lui. Le matin, après avoir lu lui-même les commandements, à huit heures, il sortit de la maison. On l’attendait pour la messe. Debout dans le chœur, à sa place ordinaire, Ivan Petrovitch réfléchissait, plus qu’il ne priait, ce qui le rendait mécontent de lui-même.

Comme chez beaucoup de gens de ce temps et de tous les temps, ses idées religieuses étaient un peu vagues. Il avait déjà plus de cinquante ans. Il n’omettait jamais les rites, fréquentait l’église, faisait ses dévotions chaque année, instruisait sa fille unique dans les règles de la religion, mais si on lui eût demandé s’il croyait réellement, il n’aurait su que répondre. Aujourd’hui surtout il se sentait attiédi, et dans le chœur, au lieu de prier, il réfléchissait à l’étrangeté des choses de ce monde. Ainsi lui, presqu’un vieillard, il fait ses dévotions peut-être pour la quarantième fois, et il sait que tous ses familiers et ceux qui se trouvent à l’église le regardent comme un modèle, prennent exemple sur lui, il se croit obligé de montrer l’exemple de la dévotion, et il ne sait rien lui-même. Cependant le temps de mourir approche, et il ne sait absolument pas si ce qu’il montre aux autres est vrai. Il trouvait également étrange cette croyance générale — il la voyait — que les vieilles gens sont convaincus et savent ce qu’il faut et ce qu’il ne faut pas. (Lui-même avait longtemps pensé