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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/78

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et c’est ensuite le mir qui doit se débrouiller. Le mir a décidé que ton fils doit partir, et si tu ne le veux pas, demande à madame, elle ordonnera peut-être qu’on m’enrôle, moi, fils unique, voilà la loi ! — fit-il avec rage. Et de nouveau, avec un geste de la main, il regagna sa place.

Romane le roux, dont le fils était désigné, leva la tête et prononça : — « Voilà, c’est ça, c’est ça ! » et même, de dépit, s’assit sur une marche.

Mais ce n’était pas tout ; outre les voix qui parlaient toutes à la fois et ceux qui, par derrière, causaient de leurs affaires, les bavards non plus n’oubliaient pas leur rôle.

— Oui, en effet, mir orthodoxe, dit le petit Gidkov, en répétant les paroles de Doutlov, — il faut juger en chrétien, c’est-à-dire, mes frères, il est nécessaire de juger en chrétien.

— Il faut juger en conscience, mon cher ami, dit le bon Khrapkov, en répétant les paroles de Kopilov et tirant Doutlov par son touloupe. C’était la volonté des seigneurs et non la décision du mir.

— C’est juste ! Voilà ! disaient les autres.

— Quel est cet ivrogne, ce menteur ? clamait Riézoune. — Est-ce toi qui m’as donné à boire, hein ? hein ? Ou bien est-ce ton fils, lui qu’on ramasse dans la rue, qui me reproche de boire ? Quoi ! mes frères, il faut prendre une résolution. Si vous voulez épargner Doutlov, alors choisissez non seulement parmi les familles de deux tra-