Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/83

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que vous choisirez vous-mêmes parmi vous, celui-là partira. Maintenant il nous en faut trois. À vrai dire deux et demi, l’autre moitié comptera comme avance. C’est la même chose, si ce n’est maintenant, ce sera une autre fois.

— C’est connu ! C’est vrai ! disaient les voix.

— Selon moi, continua Egor Mikhaïlovitch, tant qu’à Khorochkine et Vaska Mitukhine, c’est Dieu lui-même qui les a choisis pour être soldats.

— Oui ! C’est sûr ! dirent des voix.

— Le troisième doit être un Doutlov ou quelqu’un parmi les familles de deux travailleurs. Qu’en dites-vous ?

— À Doutlov ! — crièrent les voix. — Les Doutlov sont trois.

Et de nouveau, peu à peu, les cris recommencèrent, et, l’on en revint au carré de potager, au rouet volé dans la cour des maîtres.

Egor Mikhaïlovitch, qui gérait le domaine depuis vingt ans, était un homme intelligent et expert. Il resta debout, écoutant pendant un quart d’heure, et tout à coup, il ordonna à tout le monde de se taire et aux Doutlov de tirer au sort lequel des trois partirait. On coupa des papiers ; Khrapkov, les mit dans un bonnet, les secoua et tira le billet d’Iluchka.

Tous se taisaient.

— C’est à moi, hein ? Montre ça — dit Ilia d’une voix entrecoupée.