Aller au contenu

Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


VII

Le lendemain matin, de bonne heure, une charrette de voyage, celle dont le gérant se servait pour ses courses, stationnait devant le « pavillon » des domestiques. Elle était attelée d’un grand hongre bai appelé, on ne sait pourquoi, Tambour. Annutka, la fille aînée de Polikeï, malgré la pluie aux larges gouttes et le vent froid, était pieds nus à la tête du hongre. Se tenant à distance avec une peur évidente, d’une main elle tenait la bride et, de l’autre, soutenait sur sa tête une camisole d’un jaune verdâtre qui, dans la famille, servait de couverture, de pelisse, de bonnet, de tapis, de pardessus pour Polikeï et encore à beaucoup d’autres usages. Dans le coin, il y avait grand branle-bas. Il faisait encore sombre ; la lumière matinale traversait à peine la fenêtre collée, par ci par là, de papier. Akoulina négligeait, pour le moment, provisions, cuisine, enfants. Les petits, pas encore levés, grelot-