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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/93

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VIII

Vers minuit, les ouvriers du marchand et Polikeï étaient éveillés par un coup dans la porte cochère et par des voix de paysans. C’étaient les recrues qu’on envoyait de Pokrovskoïé. Ils étaient dix : Khoruschkine, Mituchkine et Ilia neveu de Doutlov ; deux remplaçants, le starosta, le vieux Doutlov et les paysans qui conduisaient les charrettes. La veilleuse était allumée dans l’izba ; la cuisinière dormait sur le banc, sous les icônes. Elle bondit et alluma la chandelle. Polikeï s’éveilla aussi et, se penchant hors du poêle, se mit à regarder les paysans qui entraient Tous se signèrent et s’assirent sur les bancs. Tous étaient tout à fait calmes, si bien qu’on ne pouvait reconnaître les recrues. Ils saluèrent, causèrent et demandèrent à manger. Quelques-uns, il est vrai, étaient silencieux et tristes, mais les autres étaient d’une gaîté exubé-