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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/97

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mais s’arrêtait pour écouter ce qui allait se passer ; et il regardait son neveu avec compassion, semblant étonné de son enfantillage.

Ilia, en baissant la tête, prononça de nouveau :

— Donne du vin, autrement je ferai un malheur.

— Assez, Ilia, fit doucement le starosta ; cesse, ça vaudra mieux.

Mais il n’achevait pas ces paroles qu’Ilia bondissait, donnait un coup de poing dans la fenêtre et criait à pleine voix :

— Vous ne voulez pas m’écouter ? Voilà pour vous ! Et il se jeta vers l’autre fenêtre pour la briser.

Ilitch, en un clin d’œil, fit deux tours sur lui-même et s’enfonça dans le coin du poêle, en effrayant les cafards.

Le starosta laissa sa cuiller et accourut vers Ilia. Doutlov posa lentement la lanterne, ôta sa ceinture, fit claquer sa langue, hocha la tête et s’approcha d’Ilia, luttant avec le starosta et le portier qui l’empêchaient de s’approcher de la fenêtre. Ils le saisirent par les mains et le maintinrent fortement. Mais aussitôt qu’Ilia aperçut son oncle avec sa ceinture, ses forces décuplèrent, il se dégagea, et les yeux levés, les poings serrés, il s’avança vers Doutlov.

— Je te tuerai ; n’approche pas, barbare ! C’est toi qui m’as perdu avec tes brigands de fils ! Pour-