Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/99

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ramassait les débris des vitres et bouchait la fenêtre avec une pelisse pour empêcher le vent d’entrer. Le starosta s’assit de nouveau devant sa tasse.

— Eh ! Iluchka, Iluchka ! je te plains vraiment. Que veux-tu y faire ? Khoruchkine aussi est marié… C’est le sort évidemment.

— C’est la faute de mon oncle, de ce malfaiteur — répéta Ilia avec colère. — Il regrette son argent… Ma mère a dit que le gérant avait ordonné d’acheter un remplaçant. Il ne veut pas. Il dit qu’il n’a pas d’argent. Est-ce que moi et mon frère n’avons rien apporté à la maison ? C’est un malfaiteur ! Doutlov revint dans l’izba, puis se déshabilla et s’assit près du starosta. La servante lui donna de nouveau du kvass et une cuiller. Ilia se tut, ferma les yeux et s’allongea sur l’armiak. Le starosta le lui montra en silence et hocha la tête. Doutlov fit un geste de la main.

— Est-ce que je ne le plains pas ? Le fils de mon propre frère. Non seulement je le plains, mais encore on m’a noirci à ses yeux. Sa femme lui a mis en tête, je ne sais comment, — elle est rusée, malgré sa jeunesse, — que nous avons tant d’argent que nous pouvons acheter un remplaçant. Et voilà qu’il me fait des reproches. Et comme c’est dommage… un tel garçon !

— Oui, c’est un brave garçon, dit le starosta.

— Mais, je n’ai pas de forces avec lui. Demain j’enverrai Ignate, et sa femme aussi veut venir.