Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/140

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gauchement au milieu du salon sur la première chaise qu’il avait trouvée ; il barrait ainsi le chemin. La comtesse voulait le faire parler, mais lui, naïvement, regardait autour de lui à travers ses lunettes, comme s’il cherchait quelqu’un, et répondait par monosyllabes à toutes les questions de la comtesse. Il était gênant et seul à ne le point remarquer. La plupart des invités, qui savaient son histoire avec l’ours, regardaient ce grand, gros et doux bonhomme et s’étonnaient de le trouver si lourd et si modeste pour l’auteur d’un pareil tour à un policier.

— Vous êtes arrivé depuis peu ? — lui demanda la comtesse.

Oui, madame, — répondit-il en regardant autour de lui.

— Vous n’avez pas encore vu mon mari ?

Non, madame. — Et il sourit tout à fait mal à propos.

— Il me semble que vous étiez récemment à Paris ? Ce doit être très intéressant.

— Très intéressant.

La comtesse regarda Anna Mikhaïlovna. Celle-ci comprit qu’on lui demandait d’occuper ce jeune homme, et s’asseyant près de lui, elle se mit à lui parler de son père. Mais, de même qu’à la comtesse, il ne répondit que par monosyllabes. Tous les invités s’entretenaient entre eux. Les Razoumovsky… Ç’a été charmant… Vous êtes bien