Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/159

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C’était la danse favorite du comte qui la dansait comme dans sa jeunesse (Danielo Cooper, c’était une figure de l’anglaise).

— Regardez papa, — cria Natacha à toute la salle (oubliant tout à fait qu’elle dansait avec un grand) en penchant vers ses genoux sa petite tête bouclée et en éclatant d’un rire sonore qui emplit toute la pièce. En effet, tous ceux qui étaient dans la salle regardaient avec un sourire joyeux le gai vieillard qui marchait à côté de sa danseuse. Maria Dmitrievna, dont la taille dépassait de beaucoup la sienne, en arrondissant les bras, en les agitant en mesure, en faisant des ronds de jambe, en piétinant un peu et avec un sourire de plus en plus épanoui sur son visage rond, préparait les spectateurs à ce qui allait suivre. Dès qu’on entendit les sons gais, entraînants de Danielo Cooper, si semblables à ceux des gais trepak[1], toutes les portes de la salle s’emplirent subitement de visages souriants, de domestiques, d’un côté les hommes, de l’autre les femmes, venus pour voir leur maître s’amuser.

— Notre père ! Quel aigle ! prononça à haute voix la vieille bonne, dans l’une des portes.

Le comte dansait très bien, et il le savait, mais sa danseuse ne savait pas du tout et ne s’appliquait pas ; son énorme corps était droit et ses grands

  1. Danse russe.