Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/178

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involontairement jetèrent un coup d’œil dans cette chambre où étaient assis tout près l’un de l’autre et causaient la princesse aînée et le prince Vassili. En apercevant ceux qui passaient, le prince Vassili eut un geste d’impatience, la princesse se leva, et d’un geste furieux, de toutes ses forces, elle frappa la porte pour la fermer. Le geste était si peu conforme aux manières toujours calmes de la princesse, la peur qui couvrait le visage du prince Vassili seyait si peu à son importante personne, que Pierre s’arrêta, et à travers ses lunettes, regarda son guide d’un air interrogateur. Anna Mikhaïlovna ne parut point étonnée, elle sourit seulement un peu, comme pour montrer qu’elle s’attendait à tout cela.

Soyez homme, mon ami, c’est moi qui veillerai à vos intérêts, — dit-elle en réponse à son regard ; et encore plus vite elle s’avança dans le corridor.

Pierre ne comprenait pas du tout de quoi il s’agissait, et encore moins ce que signifiait « veiller à vos intérêts, » mais il sentait que tout cela devait être. Du couloir, ils entrèrent dans une salle à demi éclairée donnant sur le salon de réception du comte. C’était une de ces chambres froides et luxueuses, que Pierre connaissait, mais en y accédant par le grand escalier. Au milieu de cette chambre il y avait une baignoire vide et de l’eau était répandue sur le tapis. En les voyant, sans