Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/231

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excellents, et tout d’abord il n’a fait la guerre qu’aux Allemands, et seuls les paresseux n’ont pas battu les Allemands. Depuis que le monde existe, tout le monde a battu les Allemands, et eux n’ont battu personne, sauf eux-mêmes. C’est sur eux qu’il a fait sa gloire.

Et le prince commençait à discuter toutes les fautes que, d’après lui, Bonaparte avait commises dans ses diverses campagnes et même dans les affaires d’État. Son fils ne le contredisait pas, mais on voyait que malgré n’importe quelles raisons, il lui serait aussi difficile qu’au vieux prince de changer d’avis. Le prince André écoutait sans interrompre et s’étonnait, malgré lui, que ce vieillard, enterré depuis tant d’années à la campagne, connût avec tant de détails et de finesse toute la situation politique et militaire de l’Europe de ces dernières années.

— Tu penses que je suis vieux et ne comprends rien à l’état des choses, — conclut-il, — et je ne pense qu’à cela ! Je ne dors pas la nuit. Eh bien, où est-il ton grand chef, où s’est-il montré ?

— Ce serait long, — répondit le fils.

— Va donc à ton Buonaparte.

Mademoiselle Bourienne, voila encore un admirateur de votre goujat d’empereur !

Vous savez que je ne suis pas bonapartiste, mon prince.

Dieu sait quand reviendra… — chanta-t-il