Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/339

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chant du palais, se sentait encore plus animé que la veille, seulement ses yeux brillaient d’un éclat fiévreux, ses pensées jaillissaient avec une rapidité et une clarté extraordinaires. Tous les détails du combat, de nouveau se présentaient vivement à lui, non plus vagues mais précisés dans l’exposé bref que dans son imagination il faisait à l’empereur Frantz. Vivement se présentaient à lui les questions qui, par hasard, pourraient lui être adressées et les réponses à y faire. Il supposait qu’on le présenterait aussitôt à l’empereur. Mais près du grand perron du palais, un fonctionnaire courut vers lui, et, apprenant qu’il était le courrier, le conduisit à un autre perron.

— Là-bas, dans le corridor à droite, Euer Hochegeboren, vous trouverez un aide de camp du service de l’empereur, — lui dit le fonctionnaire — il vous mènera chez le ministre de la Guerre.

L’aide de camp de service qui rencontra le prince André le pria d’attendre et partit chez le Ministre. Il revint au bout de cinq minutes et, en s’inclinant très poliment, fit passer devant lui le prince André et le conduisit par le couloir au cabinet de travail du ministre de la Guerre.

Par sa politesse extrême, l’aide de camp semblait vouloir se préserver de toute familiarité avec son collègue russe. Le sentiment joyeux du prince André s’était de beaucoup tempéré quand il s’approcha de la porte du cabinet du ministre de la