Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/236

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voir. Et toi, n’as-tu pas trahi Boris ? lui demanda-t-il.

— En voilà des bêtises ! s’exclama en riant Natacha, je ne pense ni à lui, ni à personne, et je ne veux rien savoir.

— Vraiment ! Alors, toi, que feras-tu ?

— Moi ? fit Natacha, et un sourire heureux éclaira son visage. As-tu vu Duport ?

— Non.

— Tu n’as pas vu le célèbre Duport, le danseur ? Ah, alors, tu ne comprendras pas. Moi, voilà ce que je suis. Natacha, en arrondissant les bras, prit sa jupe, comme à la danse, s’éloigna un peu en courant, se retourna, fit un entrechat, sauta d’un pied sur l’autre, et se dressant sur les pointes, fit quelques pas.

— Je reste debout, tu vois ! dit-elle. Mais elle ne pouvait se tenir sur la pointe des pieds. Eh bien, voilà ce que je suis ! Je ne me marierai jamais, je serai danseuse. Seulement ne le dis à personne.

Rostov éclata de rire si fort et si gaiement que Denissov, dans sa chambre, en devint jaloux. Natacha, ne pouvant se contenir, riait avec son frère.

— Hein, c’est beau ! disait-elle.

— Bon, mais alors, tu ne veux plus épouser Boris ?

Natacha rougit.