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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/270

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— N… on, — prononça Dolokhov, les dents serrées. — Non, ce n’est pas terminé. Et faisant encore quelques pas saccadés, en chancelant il arriva jusqu’au sabre et tomba dans la neige.

Sa main gauche était couverte de sang. Il l’essuya à son veston et s’appuya sur elle. Son visage était pâle, froncé et tremblant.

— S’il vous pl…, — commença-t-il, mais il ne pouvait achever d’un coup — … plaît, termina-t-il avec effort.

Pierre retenant à peine ses sanglots accourut vers Dolokhov ; déjà il voulait franchir l’espace séparant les limites quand Dolokhov s’écria : « À la barre ! »

Pierre comprit de quoi il s’agissait et s’arrêta près de son sabre. Dix pas seulement les séparaient. Dolokhov tomba de côté dans la neige, la mordit avec avidité, puis de nouveau releva la tête, se redressa sur les jambes et s’assit en cherchant un point d’appui résistant. Il avalait de la neige et la suçait. Ses lèvres tremblaient, mais il souriait toujours, ses yeux brillaient d’effort et de colère en rassemblant ses dernières forces ; il leva le pistolet et se mit à viser.

— De côté… couvrez-vous du pistolet ! — prononça Nesvitzkï.

— Couv’ez-vous ! ne put s’empêcher de dire Denissov lui-même à son adversaire.

Pierre, avec un sourire doux de regret et de