Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nicolas attirait beaucoup de jeunes gens dans la maison de ses parents. Véra était une belle fille de vingt ans, Sonia une jolie belle de seize ans, dans tout l’éclat d’une fleur qui vient de s’épanouir. Natacha, mi femme, mi enfant, avec tantôt les drôleries d’une enfant, tantôt le charme de la jeune fille.

À cette époque, la maison des Rostov se saturait d’une atmosphère particulière d’amour, comme il arrive dans les maisons où il y a de très charmantes et de très jeunes filles.

Tout jeune homme qui venait à la maison des Rostov, en regardant ces visages jeunes, mobiles, souriant à quelque chose (probablement à leur propre bonheur), en voyant ce tohu-bohu animé, en écoutant ce babillage inconséquent mais tendre pour tous, prêt à tout, plein de foi pour la jeunesse, en écoutant ces sons mêlés, tantôt de chant, tantôt de musique, éprouvait la même attirance pour l’amour, la même attente de bonheur, que la jeunesse elle-même de la maison des Rostov.

Parmi les jeunes gens introduits par Rostov, l’un des premiers fut Dolokhov, qui plut à toute la famille, sauf à Natacha. À cause de Dolokhov, elle faillit se brouiller avec son frère. Elle disait que c’était un méchant homme et que dans son duel avec Bezoukhov celui-ci avait eu raison, que Dolokhov était coupable, qu’il était désagréable et prétentieux.