Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/402

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coffres, deux chaises, une table, une petite table d’enfant et la petite chaise où était assis le prince André.

Les fenêtres étaient closes, sur la table brûlait une bougie masquée par un livre de musique relié, de sorte que la lumière ne tombait pas sur le petit lit.

— Mon ami, dit à son frère la princesse Marie, qui était près du lit, il vaut mieux attendre. Après…

— Fais-moi grâce. Tu dis toujours des bêtises. Tu attends tout le temps et voilà, tu as attendu, — dit le prince André, dans un chuchotement de colère et avec le désir évident d’offenser sa sœur.

— Mon ami, vraiment, il vaut mieux ne pas l’éveiller. Il dort, — prononça la princesse d’une voix suppliante.

Le prince André se leva et, le verre à la main, sur la pointe du pied, s’approcha du lit.

— Vraiment… ne pas l’éveiller ? — fit-il d’un ton indécis.

— Comme tu voudras… vraiment… Je pense… mais, comme tu voudras, — dit la princesse Marie qui semblait peureuse et honteuse d’avoir fait triompher son avis.

Elle désigna à son frère la bonne qui l’appelait à voix basse.

C’était déjà la deuxième nuit que tous deux passaient sans dormir, soignaient le petit garçon