Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/447

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— Qu’est-ce que c’est que ces pèlerins ? demanda Pierre.

Le prince André n’eut pas le temps de lui répondre. Les domestiques venaient à sa rencontre, il les interrogea sur le vieux prince. Où était-il et quand l’attendait-on ? Le vieux prince était encore en ville et on l’attendait d’un moment à l’autre.

Le prince André conduisit Pierre dans l’appartement, toujours bien installé, qui lui était réservé dans la maison de son père, et lui-même alla dans la chambre d’enfant.

— Allons chez ma sœur, dit le prince André quand il revint vers Pierre, je ne l’ai pas encore vue. Elle se cache maintenant et reste avec ses pèlerins. C’est bien, elle sera confuse et tu verras les hommes de Dieu. C’est curieux, ma parole.

Qu’est-ce que c’est que les hommes de Dieu ?

— Voilà… tu verras.

La princesse Marie, en effet, rougit et devint confuse quand ils entrèrent chez elle. Dans sa gentille chambre, où une veilleuse brûlait devant les icônes, sur le divan, devant le samovar, était assis près d’elle un jeune garçon au nez et aux cheveux longs, en habit de moine. Sur une chaise près d’elle était assise une vieille femme maigre, avec une expression douce et enfantine sur son visage ridé.

André, pourquoi ne pas m’avoir prévenue ? fit-elle avec un doux reproche en se mettant devant