Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jestueuses qu’elle jugeait convenables au bal, pour une jeune fille. Mais, pour son bonheur, elle sentait que ses yeux couraient en tous sens, elle ne distinguait rien nettement, son pouls battait cent fois à la minute et le sang commençait à affluer à son cœur. Elle ne pouvait prendre ces airs qui l’eussent rendue ridicule et montait, tremblante d’émotion, en essayant de toutes ses forces de le cacher. Et c’était précisément ce qui lui allait le mieux. Devant et derrière eux, des invités, aussi en costume de bal, s’avancaient en causant à voix basse. Les glaces de l’escalier reflétaient les dames en robes blanches, bleues et roses, avec des diamants et des perles sur les bras et les cous nus.

Natacha regardait dans les glaces et ne pouvait s’y distinguer des autres. Tout se confondait en une procession brillante. En entrant dans le premier salon, le bruit des voix, des pas, des salamalecs étourdit Natacha. La lumière l’aveuglait encore davantage.

Le maître et la maîtresse du logis qui, depuis déjà une demi-heure, se tenaient près de la porte et saluaient les invités par les mêmes paroles : « charmés de vous voir », accueillirent de la même façon les Rostov et mademoiselle Peronskaïa.

Les deux fillettes en robe blanche avec des roses dans leurs cheveux noirs, saluèrent de même, mais, malgré elle, la maîtresse arrêta plus longtemps son regard sur la mince Natacha. Elle la