Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/146

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mière fois à Otradnoié. Elle était effrayée de ce bonheur étrange et inattendu que celui qu’elle avait choisi alors (elle en était fermement convaincue), que celui-ci se fût rencontré de nouveau avec elle, et, comme il semblait, ne fût pas indifférent à son égard. « Et comme exprès, il se trouve juste là quand nous sommes à Pétersbourg, et il a fallu que nous nous rencontrions à ce bal. Tout ça, c’est la destinée. C’est clair que tout ça est amené par la destinée. Dès la première fois que je l’ai aperçu, j’ai senti quelque chose de particulier. »

— Que t’a-t-il dit encore ? Quels sont ces vers, dis-moi… dit pensivement la mère en l’interrogeant sur les vers que le prince André avait écrits sur l’album de Natacha.

— Maman, ce n’est pas mal qu’il soit veuf ?

— Assez, Natacha, prie Dieu. Les mariages se font dans les cieux.

— Ma petite colombe, maman, comme je vous aime, comme je me sens bien ! s’écria Natacha avec des larmes de bonheur et d’émotion, en enlaçant sa mère.

Dans ce temps, le prince André était chez Pierre et lui parlait de son amour pour Natacha et de son intention ferme de l’épouser.

Ce jour-là, il y avait un raout chez la comtesse Hélène Vassilievna. Parmi les hôtes : l’ambassadeur français, le grand-duc qui depuis peu était