Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tres fonctions encore. Mais il avait refusé obstinément un emploi public, et passait l’automne et le printemps dans les champs, sur son hongre ; l’hiver, il restait chez lui, et l’été, couchait dans son jardin touffu.

— Pourquoi donc ne servez-vous pas, l’oncle ?

— J’ai servi, mais j’ai cessé. Je ne suis pas bon pour cela. Je n’y comprends rien. Bon ! C’est votre affaire ; mais moi, je n’ai pas d’esprit. Quant à la chasse, c’est autre chose, bon ! Ouvrez donc la porte ! cria-t-il. Pourquoi avez-vous fermé ?

La porte au bout du couloir menait dans la chambre de chasse — ainsi s’appelait la chambre réservée aux chasseurs. Quelqu’un marcha rapidement pieds nus, et une main invisible ouvrit la porte de la chambre de chasse. Du couloir on entendit clairement le son d’une balalaïka, dont jouait évidemment un artiste.

Depuis longtemps Natacha écoutait ces sons ; elle sortit dans le couloir pour les mieux entendre.

— C’est mon cocher Mitka… je lui ai acheté une bonne balalaïka ; j’aime ça, dit l’oncle.

Quand l’oncle revenait de la chasse, c’était l’habitude que Mitka jouât de la balalaïka dans la chambre des chasseurs. L’oncle aimait cet instrument.

— C’est très bien, vraiment bien ! dit Nicolas avec une certaine négligence involontaire, comme