Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/249

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puis répondre à son amour fidèle, dévoué. Assurément je serai plus heureux avec elle qu’avec une poupée comme Julie. Je peux toujours sacrifier mon cœur au bien de mes parents, mais je ne puis commander à mes sentiments. Si j’aime Sonia, mon amour est, pour moi, plus fort et plus haut que tout. »

Il ne partit pas à Moscou ; la comtesse ne lui parla plus mariage et, avec tristesse et parfois avec colère, elle remarquait un rapprochement de plus en plus grand entre son fils et Sonia qui n’avait pas de dot. Elle se le reprochait, mais elle ne pouvait s’empêcher de montrer son mécontentement envers Sonia en la réprimandant souvent, sans aucun motif, en l’appelant « vous » et « ma chère ». Ce qui fâchait le plus la bonne comtesse, c’est précisément que Sonia, cette nièce pauvre aux yeux noirs, était si douce, si bonne, si dévouée, si reconnaissante envers ses bienfaiteurs, si constante en son amour pour Nicolas, qu’on ne pouvait rien lui reprocher.

Nicolas terminait son congé chez ses parents. Déjà on avait reçu du prince André, de Rome, une quatrième lettre où il écrivait qu’il serait depuis longtemps en route pour la Russie, si, tout à coup, sous le climat chaud, sa blessure ne s’était rouverte, ce qui le forçait à ajourner son départ jusqu’au commencement de la prochaine année.

Natacha était aussi amoureuse de son fiancé,