Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/269

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— Rien.

Il se retourna vers les chevaux.

Sur la grande route où l’on voyait au clair de lune des traces de traîneaux, les chevaux, d’eux-mêmes, tendirent leurs guides et accélérèrent le pas. Le cheval de gauche, en tournant la tête, tirait ses guides ; celui du milieu se balançait en dressant les oreilles comme s’il demandait : faut-il commencer ou est-ce encore tôt ? Devant, déjà loin, on apercevait sur la neige blanche la troïka noire de Zakhar, qui faisait tinter ses lourdes clochettes ; on entendait de son traîneau les stimulations, les éclats de rire et les voix des masques.

— Hé ! mes amis ! cria Nicolas, tirant la guide d’un côté et faisant un mouvement de la main armée du fouet. Et rien qu’au vent qui paraissait s’élever et à la tension du cheval de côté, on pouvait remarquer avec quelle rapidité volait la troïka.

Nicolas se retourna. Aux sons des rires et des cris, en agitant le fouet, on forçait les chevaux des autres troïkas d’aller au galop. Le cheval du milieu, se balançant bravement sous son arc, promettait d’aller encore et encore plus vite quand il le faudrait.

Nicolas rejoignit la première troïka. Ils descendirent une pente et se trouvèrent sur la route large et piétinée, dans un champ, près d’une rivière. « Où passons-nous ? pensa Nicolas. Par le pré pro-