Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/276

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans le bain, voilà ce qui est terrible, dit pendant le souper une vieille fille qui demeurait chez les Melukhov.

— Pourquoi ? demanda la fille aînée de madame Melukhov.

— Vous n’iriez pas là-bas ; là-bas, il faut du courage.

— Moi, j’irais, dit Sonia.

— Racontez ce qui est arrivé à cette demoiselle, demanda la cadette des Melukhov.

— Voici : une demoiselle y est allée, elle a pris un coq, deux couverts, tout ce qu’il faut et s’est assise, dit la vieille demoiselle. Tout à coup, elle entend le bruit d’un traîneau et des clochettes qui s’approchent. Elle entend qu’on vient. Elle voit un homme, comme un officier. Il entre, s’assied en face d’elle, devant le couvert.

— Ah ! ah ! s’écria Natacha en levant les yeux avec horreur.

— Mais comment ! il a parlé ?

— Oui, tout comme un homme ; et il commence à causer avec elle. Elle devait lui parler jusqu’au chant du coq. Elle avait peur et cachait son visage dans ses mains. Il la saisit immédiatement. Heureusement que les bonnes sont accourues…

— Eh ! pourquoi les effrayer ! dit Pélagie Danilovna.

— Maman, mais vous-même vous avez voulu vous faire dire la bonne aventure, dit l’une des filles.