Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/282

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— Alors, tu es contente et j’ai bien fait ?

— Ah ! très bien ! Il n’y a pas longtemps que je me suis fâchée avec maman, parce que maman dit qu’elle t’enjôle. Comment peut-on dire cela ? J’ai failli me fâcher avec maman ; et je ne permettrai jamais à personne de dire du mal d’elle, même d’en penser, car en elle il n’y a que du bon.

— Alors c’est bien ? dit Nicolas en regardant encore une fois l’expression du visage de sa sœur, pour savoir si c’était vrai ; et, en faisant crier ses bottes, il sauta des patins et s’élança vers son traîneau. Le même Circassien toujours heureux, souriant, avec une petite moustache et des yeux brillants, regardant en dessous du manteau de zibeline, était assis là-bas. Ce Circassien, c’était Sonia, sa future femme, et heureuse, et aimante.

Arrivées à la maison, après avoir raconté à la comtesse comment elles avaient passé leur temps chez les Melukhov, les jeunes filles allèrent chez elles.

En se déshabillant, mais sans effacer leurs moustaches, elles restèrent assises longtemps et causèrent de leur bonheur. Elles causaient de leur vie une fois mariées, de leurs maris qui seraient des amis, et de leur bonheur. Sur la table de Natacha, il y avait des miroirs préparés encore la veille par Douniacha. « Seulement, quand tout cela arrivera-t-il ? J’ai peur que ce ne soit jamais.