Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/312

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chez l’homme qui aime et en souffre lui-même, il lui cria en agitant le poing :

— Et qu’un imbécile quelconque vous épouse !

Il claqua la porte, appela mademoiselle Bourienne et se calma dans son cabinet.

À deux heures, six personnes d’élite étaient réunies pour dîner. Les hôtes étaient : le bien connu comte Rostoptchine, le prince Lapoukhine et son neveu le général Chatrov, vieux amis du prince, et parmi les jeunes, Pierre et Boris Droubetzkoï. Tous l’attendaient au salon.

Boris, qui venait d’arriver à Moscou, en congé, désirait être présenté au prince Nicolas Andréiévitch, et il sut si bien acquérir ses bonnes grâces que le prince fit en sa faveur une exception, puisqu’il ne recevait chez lui aucun célibataire.

La maison du prince n’était pas ce qu’on appelait « le monde », mais être reçu dans le petit cercle qui le fréquentait, bien qu’il ne fît pas parler de lui dans la ville, était cependant très flatteur. C’était ce que Boris avait compris une semaine avant quand, devant lui, Rostoptchine avait dit au général en chef qui l’invitait à dîner le jour de la saint Nicolas, qu’il ne pouvait y aller : Ce jour, je vais toujours saluer les reliques du prince Nicolas Andréiévitch.

— Ah ! oui, oui, avait répondu le général en chef. Eh bien ? Comment va-t-il ?

La petite société qui était réunie avant le dîner