Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/315

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bourg et je m’étonne de la mauvaise rédaction de cette note, dit le comte Rostoptchine du ton négligent d’un homme qui juge une affaire qu’il connaît bien.

Pierre regarda Rostoptchine avec un étonnement naïf, ne comprenant pas pourquoi la mauvaise rédaction de la note l’inquiétait.

— La rédaction de la note n’est-elle pas indifférente, comte, si le contenu est fort ?

Mon cher, avec nos cinq cent mille hommes de troupes il serait facile d’avoir un beau style, répondit Rostoptchine.

Pierre comprit pourquoi la rédaction de la note inquiétait le comte Rostoptchine.

— Il me semble qu’il y a pourtant assez de scribes maintenant, dit le vieux prince. Là-bas, à Pétersbourg, on écrit tout, non seulement des notes, mais de nouvelles lois. Mon Andrucha, là-bas, a écrit pour la Russie un volume entier de lois. Aujourd’hui on écrit tant !

Et il rit d’une manière peu naturelle.

La conversation cessa pour un moment ; le vieux général, par un toussotement, attira à lui l’attention.

— Vous avez entendu parler du dernier événement à la revue de Pétersbourg ? Comment se montra l’ambassadeur français ?

— Quoi ? Oui, j’en ai entendu parler. Il a fait une gaffe devant Sa Majesté.