Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/382

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suivie et, en riant, lui avait parlé de l’amour de son frère, et que, dans le petit divan, elle avait de nouveau rencontré Anatole, qu’Hélène avait disparu quelque part et qu’elle s’était trouvée seule avec Anatole, et que celui-ci, lui prenant la main, lui avait dit d’une voix tendre :

— Je ne puis pas aller chez vous, mais ne vous reverrai-je jamais ? Je vous aime follement. Est-ce que jamais ?… Et, en lui barrant le chemin, il avait approché son visage du sien.

Des grands yeux d’homme, brillants, étaient si près des siens qu’elle ne voyait rien de plus.

— Natalie ! ! murmurait il en lui serrant fortement la main. Natalie ?

« Je ne comprends rien, je n’ai rien à dire, » lui répondait son regard.

Des lèvres ardentes s’appuyèrent sur les siennes, et, au même moment, elle se sentit de nouveau libre, et dans la chambre il y eut un bruit de pas et le froufrou de la robe d’Hélène. Natacha regarda Hélène ; ensuite, rouge et tremblante, elle le regarda d’un air effrayé, interrogateur et se dirigea vers la porte.

Un mot, un seul au nom de dieu ! dit Anatole.

Elle s’arrêta. Il lui était si nécessaire d’entendre ce mot qui lui expliquerait ce qui était arrivé et auquel elle répondrait.

Natalie, un mot, un seul, répétait-il tou-