Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/386

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vre ; elle a peur que tu penses qu’elle ne t’aime pas.

— Mais elle ne m’aime pas, dit Natacha.

— Ne dis pas de bêtises ! s’écria Maria Dmitrievna.

— Je n’en croirai personne. Je sais qu’elle ne m’aime pas, dit hardiment Natacha en prenant la lettre. Et sur son visage s’exprimait une résolution froide et méchante qui força Maria Dmitrievna à la fixer et à froncer les sourcils.

— Petite amie, ne parle pas ainsi, dit-elle, ce que je dis c’est la vérité. Écris la réponse.

Natacha ne répondit pas et courut dans sa chambre pour lire la lettre de la princesse Marie.

Elle écrivait qu’elle était au désespoir à cause du malentendu survenu entre elles ; elle demandait à Natacha de croire que, quels que fussent les sentiments de son père, elle ne saurait que l’aimer, comme celle choisie par son frère, pour le bonheur de qui elle est prête à tout sacrifier.

« Cependant, écrivait-elle, ne pensez pas que mon père soit mal disposé pour vous. C’est un homme âgé et malade, il faut l’excuser ; mais il est bon, magnanime et aimera celle qui fera le bonheur de son fils. » La princesse Marie priait Natacha de fixer le jour où elle pourrait la revoir.

Après avoir lu cette lettre, Natacha s’assit à sa table pour écrire la réponse :

« Chère princesse, » écrivit-elle rapidement, mécaniquement ; puis elle s’arrêta. Que pouvait-