Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol1.djvu/127

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se confondent, et je m’endors doucement, tranquillement, le visage encore tout mouillé de larmes.

Candeur, insouciance, besoin d’aimer, foi de l’enfance, vous retrouverai-je jamais ? Quelle époque peut être supérieure à celle où les deux meilleures vertus — la joie innocente et le besoin illimité d’amour — sont les seuls ressorts de la vie ?

Où sont ces prières ardentes ou — don précieux — ces larmes pures d’attendrissement ? L’ange consolateur accourait avec un sourire, essuyait les larmes et soufflait de doux rêves à l’imagination innocente de l’enfant.

La vie a-t-elle donc laissé dans mon cœur une trace si pénible, que pour toujours se sont éloignés de moi ces larmes et ces transports ?

Seuls les souvenirs sont-ils donc restés ?