Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol1.djvu/345

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rôme est assis Volodia, mais il n’est déjà plus en frac bleu et en chapeau gris, mais en uniforme d’étudiant, avec un col bleu brodé, un tricorne et l’épée dorée au côté.

— Que n’es-tu vivante ! — exclame grand’mère en apercevant Volodia en uniforme, et elle s’évanouit.

Volodia, le visage joyeux, court dans l’antichambre, il embrasse moi, Lubotchka, Mimi et Katenka qui rougit jusqu’aux oreilles. Volodia ne se connaît plus de joie. Ah ! comme il est beau dans cet uniforme ! Comme le col bleu sied bien à ses petites moustaches noires, naissantes ! Quelle taille longue et fine, il a ! Quelle allure noble ! En ce jour mémorable, tous dînèrent dans la chambre de grand’mère. Sur tous les visages rayonne la joie, et pendant le dîner, au moment de l’entremets, le maître d’hôtel, avec une physionomie de circonstance, solennelle et en même temps joyeuse, apporte une bouteille de champagne enveloppée d’une serviette. Grand’mère, pour la première fois depuis la mort de maman, boit du champagne, elle en boit une coupe entière en félicitant Volodia, et de nouveau, pleure de joie en le regardant. À présent, Volodia sort déjà seul dans son propre équipage, il reçoit chez lui des invités à lui ; il fume, il fréquente les bals et moi-même une fois, dans sa chambre, je l’ai vu boire, avec ses camarades, deux bouteilles de champagne, et eux en vidant chaque coupe, invoquaient la santé de quelque