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XXVI

LES RAISONNEMENTS


Volodia allongé sur le divan, et appuyé sur le coude, lisait un roman français, quand, après les classes du soir, selon mon habitude, j’entrai dans sa chambre. Pour une seconde il souleva la tête pour regarder et de nouveau se remit à lire, — mouvement très simple et très naturel, mais qui me fit rougir. Il me semblait voir dans son regard la question : pourquoi es-tu venu ici ? et dans l’inclinaison rapide de la tête, le désir de me cacher ce regard. Cette disposition à interpréter le moindre, le plus simple geste était alors chez moi très caractéristique. Je m’approchai de la table et pris aussi un livre, mais avant de me mettre à lire, il me vint en tête que c’était un peu ridicule, ne nous étant pas vus d’un jour entier, de ne pas causer ensemble.