2o Les premiers essais littéraires de Tolstoï.
En 1851, Tolstoï quitta son domaine d’Iasnaïa Poliana, où il était resté presque trois ans sans aucun déplacement, et alla au Caucase. De là, pendant l’été de 1852, il envoya à la rédaction de la revue « Le Contemporain » (Sovremennik) sa première œuvre, une nouvelle, l’Enfance.
À propos de cet envoi, une correspondance s’établit entre Tolstoï et le poète Nékrasov qui était alors directeur de cette revue. Nous citons plus bas quatre lettres très intéressantes de Nékrasov à Tolstoï, que nous empruntons à la revue : Suppléments littéraires de Niva, février 1898. On verra par ces lettres que Tolstoï avait caché à Nékrasov le nom de l’auteur de la nouvelle ; et celui-ci fut obligé de rappeler plusieurs fois à Tolstoï les règlements de la censure, demandant que le nom de l’auteur d’œuvres insérées dans la revue fût connu de la rédaction. Mais Tolstoï persista à cacher son nom et ne s’avoua que plus tard l’auteur de la nouvelle. Nékrasov apprécia immédiatement le talent du nouvel auteur. Les premières lettres de Nékrasov à Tolstoï sont un peu réservées, mais dans les dernières, écrites déjà après « l’Adolescence », « la Matinée d’un seigneur rural », « l’Invasion », « la Coupe en Forêt », et quelques-uns des récits de Sébastopol, perce déjà l’admiration envers le jeune écrivain.