Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol1.djvu/91

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baissant près du ver, Katenka fit précisément ce mouvement, tandis que le vent soulevait le fichu qui couvrait son cou blanc. Pendant ce mouvement, la petite épaule se trouva à deux doigts de mes lèvres. Déjà je ne regardais plus le ver, et de toutes mes forces, je baisai l’épaule de Katenka. Elle ne se tourna pas, mais je vis que son cou et ses oreilles s’empourpraient. Volodia, sans lever la tête, dit avec mépris :

— Que signifie cette tendresse ?

Et des larmes me vinrent aux yeux.

Je ne cessais de regarder Katenka. J’étais depuis longtemps habitué à son petit visage, frais, blond, et toujours je l’aimai ; mais maintenant je commençais à l’examiner plus attentivement, et je l’aimais d’avantage. Quand nous revînmes près des grandes personnes, papa, à notre grande joie, nous déclara que sur la demande de maman, notre départ était remis au lendemain matin.

Au retour, nous suivîmes le break. Volodia et moi, avec le désir de nous surpasser l’un l’autre dans l’art de l’équitation et en courage, galopions près du break. Mon ombre était plus longue qu’en allant, et à en juger d’après elle, je me supposais l’air d’un assez beau cavalier ; mais le sentiment de satisfaction personnelle que j’éprouvais, fut bientôt détruit par la circonstance suivante. Désirant charmer complètement tous ceux qui étaient dans le break, je retins un peu mon che-